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"Le Québec tire profit de ses succès latins" (Le Devoir)

par Éric Desrosiers. Le Devoir, Économie, samedi 12 mai 2007, p. c2

Si le Québec a mieux su s’adapter que l’Ontario à la baisse de ses exportations vers les États-Unis, c’est entre autres grâce à ses succès en Amérique latine. Son intérêt pour cette partie du monde reste pourtant bien timide, estime un chercheur.

Le passage à vide de l’économie américaine au début des années 2000, suivi de la forte appréciation du dollar canadien, a pesé sur les échanges entre le Canada et son voisin américain, rappelle dans sa plus récente étude l’Observatoire des Amériques de l’Université du Québec à Montréal. Alors que le volume des exportations canadiennes vers l’étranger continuait d’augmenter, la valeur totale des biens à destination des États-Unis est pratiquement demeurée inchangée, à 359 milliards, et ce, en dépit de la forte augmentation des exportations de pétrole de l’Alberta. Bien qu’encore dominante, la part occupée par les États-Unis dans le total des exportations canadiennes est passée de 86,9 % en 2000 à 81,6 % en 2006.

Le phénomène s’est révélé plus prononcé encore au Québec avec, non pas un gel, mais un recul de la valeur totale des exportations vers les États-Unis, de 63 milliards en 2000 à 57 milliards en 2006, et une chute de leur importance relative dans le total québécois de 85,5 % à 77,6 %. Portée par son secteur pétrolier, l’Alberta en a profité pour ravir au Québec le deuxième rang parmi les provinces qui exportent le plus, derrière l’Ontario. Cela n’a pourtant pas empêché le Québec de connaître une croissance annuelle moyenne plus forte de ses exportations de 1990 à 2006 (+ 6,9 %) que celle de l’Ontario (+ 6,7 %) et de la Colombie-Britannique (+ 4,98 %).

« L’Alberta est un cas particulier, dit l’auteur du portrait statistique de 42 pages, Simon Carreau. Pour le reste, si le Québec a mieux réussi à s’en tirer que les autres de la baisse des exportations vers les États-Unis, c’est parce que notre commerce est plus diversifié. »

Les autres marchés d’exportation du Québec se trouvent notamment en Europe, évidemment, comme au Royaume-Uni, qui compte pour 2,2 % des exportations québécoises, en Allemagne (2,1 %) et en France (1,6 %). Il y a aussi des pays d’Asie, comme la Chine (1,57 %) et le Japon (1,28 %). Mais il y a également le Mexique (1 %), le Brésil (0,5 %) et tous les autres pays d’Amérique latine qui comptent, au total, pour 2,72 % des exportations du Québec.

« On assiste depuis 2003 à un retour de la croissance des exportations au Québec, et l’Amérique latine ressort clairement comme un facteur important de ce succès », note Simon Carreau . Mis à part le Mexique, le Québec s’y classe souvent premier parmi les provinces canadiennes, comme c’est le cas notamment au Brésil. Cela est-il attribuable à la culture latine des Québécois, ou simplement au type de produits qu’ils exportent ? Sans doute un peu des deux, pense le chercheur.

Perte d’intérêt pour l’Amérique latine

« Malheureusement, on a l’impression que, pour nos gouvernements, l’Amérique latine a disparu de la carte depuis que le projet de Zone de libre-échange des Amériques est tombé à l’eau », déplore Simon Carreau .

Le ministre du Commerce international, David Emerson, peut bien affirmer, comme il l’a fait la semaine dernière, que la relance des négociations commerciales bilatérales avec des pays d’Amérique latine est une priorité pour le Canada, dans les faits, « on n’en a plus que pour la Chine et l’Asie », dit-il.

La même chose est en train de se produire à Québec. « On devrait se servir de la petite longueur d’avance dont on dispose là-bas pour essayer de profiter au maximum de l’importante croissance qu’on y observe. Mais le gouvernement ne semble pas intéressé. »

Le chercheur en veut pour preuve la fermeture par le gouvernement Charest de bureaux du Québec dans ces régions. Il ne manque pas également de citer la rumeur persistante du non-renouvellement du budget de fonctionnement de cinq ans de son propre centre de recherche, l’Observatoire des Amériques de l’UQAM. « Ce serait vraiment dommage compte tenu de la réputation internationale de l’Observatoire, mais surtout de l’importance de ces enjeux pour le Québec. »

Voir le dossier Portrait des exportations québécoises : les principaux produits (1990-2006)


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